jeudi 11 janvier 2007

Le Phare de Cordouan

Serge Andron est gardien de phare depuis plus de 30 ans. L'un des derniers en France. En effet, il reste seulement 4 phares surveillés en mer, soit une vingtaine de gardiens de phares. Serge est l'un des gardien du phare de Cordouan qui est situé à l'entrée de la Gironde entre Royan (17) et la Pointe de Grave (33).


A Cordouan, chaque gardien passe en moyenne la moitié de l'année au phare et l'autre moitié à terre, en repos. Les gardiens doivent veiller, la nuit, au bon fonctionnement du feu (une ampoule de 2000 watts) et le jour, assurer l'entretien de l'édifice et des équipements nécessaires à son fonctionnement comme les groupes électrogènes qui produisent l'énergie électrique du phare. Ils sont ainsi, tour à tour, peintres, vitriers, menuisiers, maçons, électriciens, mécaniciens, et chaque matin, ils donnent la météo au service des Phares et Balises basé au Verdon-sur-Mer (33) pour renseigner les marins. Le temps de loisir du gardien de Cordouan est occupé par la lecture ou la pêche sur les bancs rocheux qui ceinturent Cordouan.
Le phare de Cordouan se trouve à 7 kilomètres en mer, à égale distance des côtes girondines et charentaises. Il est le plus ancien des phares français encore en activité. Classé monument historique dès 1862 - en même temps que la cathédrale Notre-Dame de Paris - il a été construit sur un îlot rocheux aujourd'hui cadastré parcelle n°1 de la commune du Verdon-sur-Mer (33). Son architecture grandiose, résultat d'une histoire longue et tourmentée, a fait de Cordouan un Versailles de la mer. Sa tour abrite des appartements royaux et une chapelle qui occupent deux de ses sept étages.
Phare unique au monde, haut de 67,50 mètres et 311 marches, Cordouan est composé d'une tour tronconique en maçonnerie et pierre de taille reposant sur un mur d'enceinte de 41 mètres de diamètre et de 8,30 mètres de hauteur également en pierre de taille.













vendredi 5 janvier 2007

Buenos Aires: Les Grand Mères de la Place de Mai

Entre 1976 et 1983 la dictature argentine a suivi un plan d’assassinats systématiques d’opposants et d’adoption de nouveau-nés. Enlevés à leur mère à la naissance, ils furent adoptés par les bourreaux. Aujourd’hui, en Argentine, des grands-mères tentent de les retrouver pour leur rendre leur identité.

 
On a tous plus ou moins entendu parler des « Folles de la Place de Mai ». Ces femmes qui en Argentine se battent pour retrouver la trace de leurs enfants disparus lors de la dictature.
On estime à 30000 le nombre de personnes disparues, entre 1976 et 1983, militants ou opposants au régime, pour certains. Le combat des grands-mères de la place de mai est par contre moins connu chez nous. Dès le début de la dictature, des jeunes gens ont disparu. Certains avaient déjà des enfants, et ces derniers ont été enlevés avec eux. Il y avait aussi des femmes enceintes, qui ont accouché dans les mois qui ont suivi leur disparition. On sait plus ou moins que ces bébés (on parle de 400) n’ont pas été tués, contrairement à leurs parents. Ils auraient été adoptés par des militaires ou des fonctionnaires proches de la junte.
Les mères et les grands-mères ont créé dès le départ de leur combat, aux premières heures de la dictature, une association aujourd’hui scindée en deux. Car si leur lutte est proche, elles n’ont plus les mêmes objectifs. Les premières cherchent la dépouille de leurs enfants, et à préserver leur mémoire, les secondes cherchent à retrouver leurs petits enfants.

"Je ne voudrais pas mourir avant d’avoir serré dans mes bras cet enfant que la dictature a privé de ses parents. Nos enfants."

 
Cette phrase, chacune des Abuelas (grands-mères) en fait son credo.
Estela Carlotto, présidente des « Abuelas de Plaza de Mayo » (les Grands-Mères de la Place de Mai) est l’une des pionnières de l’association. Aujourd'hui elle porte dans le monde entier le combat pour la vie que mènent les Abuelas.
Durant plus de trente années, Estella a recherché et attendu son petit-fils. Sa fille, Laura, alors enceinte de deux mois (ce que sa mère ignore à l’époque), a été enlevée en novembre 1977, comme des milliers d’autres Argentins. Ses parents, ne la verront plus vivante. Ils apprennent, par hasard, de la bouche d’une femme échappée du centre de répression de la Cacha à Buenos Aires, qu’elle a accouché, en juin 1978, à l’hôpital militaire. Laura a donné au bébé le prénom de son grand-père : Guido. Cinq heures après l'accouchement la mère, que l’on vient d’endormir, et l’enfant sont séparés à jamais. Un jour, les autorités rendent le corps de Laura. A la morgue, Estela prendra une main de sa fille dans les siennes, ne pouvant découvrir son visage. Récemment, Guido devenu adulte a enfin retrouvé sa grand-mère... et, avec elle, le passé de sa vraie famille.
Au siège des Abuelas,à Buenos Aires, des portraits de jeunes gens : les parents des quelque 400 jeunes répertoriés.Toutes les Abuelas (elles ne sont plus aujourd'hui qu'une dizaine) caressent le même rêve de connaître les fils et les filles de leurs enfants. Depuis trente ans, elles cherchent, inlassablement, publient des livres, placardent des affiches avec les portraits des disparus. Les recherches restent empiriques.La Junte a détruit des archives avant de céder le pouvoir, et l’armée répugne à collaborer.

Elles sont très âgées aujourd’hui, et craignent de mourir, avant que leurs petits enfants n’aient pu être retrouvés

 
La récente reconnaissance du délit de séquestration d’enfants a amené en prison les auteurs moraux des disparitions d’opposants durant la dictature. Autre résultat de leur combat étonnamment pugnace : avoir fait travailler des scientifiques pour qu’un lien génétique puisse être établi entre grands parents et petits enfants. Elles sont très âgées aujourd’hui, et craignent de mourir avant que leurs petits enfants n’aient pu être retrouvés. Elles ont donc constitué une banque d’ADN… Elles ont réussi à imposer une loi qui s'applique si une personne est soupçonnée d’avoir enlevé ou recueilli un enfant de disparu. En cas de soupçon, la justice peut l’obliger à apporter la preuve génétique qu’il s’agit bien de son enfant. Les grands-mères de la place de mai ont utilisé également les petites annonces des journaux, fait réaliser des spots à la télévision pour encourager des jeunes ayant des soupçons sur leurs origines à se manifester.
 

 
 
Aujourd’hui adultes, ces petits-enfants « disparus » sont estimés entre 400 et 500. A ce jour,116 ont été retrouvés. Si la lutte de ces grands-mères est encore peu connue en France, elle bénéficie heureusement d’une reconnaissance internationale. Un signe qui ne trompe pas : Estela Carlotto a été pressentie pour recevoir le prix Nobel de la paix.

jeudi 4 janvier 2007

mardi 2 janvier 2007

Nigeria, novembre 2004

 
Le Nigeria, situé dans le golfe de Guinée, est le pays le plus peuplé d'Afrique avec une population de plus de 162 millions d'habitants en 2011 et connaît une très forte croissance démographique. Malgré une production de pétrole importante, le Nigeria demeure un pays relativement pauvre, en raison notamment d'une très forte corruption. La valeur de son PIB total le place à la deuxième position en Afrique en 2008, derrière l'Afrique du Sud et devant l'Egypte. Les dernières élections qui se sont déroulées en avril 2011 ont été reconnues par la communauté nationale et internationale comme les plus libres, équitables et transparentes depuis l'indépendance du pays en 1960.

Sarajevo 1994























Gitans de Charente





lundi 1 janvier 2007

Cartoneros de Buenos Aires, octobre 2006

« CARTONEROS »
LES FANTÔMES DE BUENOS AIRES

La nuit venue les rues de Buenos Aires s'animent de centaines de silhouettes furtives, attelées à des chariots surchargés, fantômes improbables d'une société qui peine à se relever de la crise économique de 2001.

Ceux que l’on nomme ici les cartoneros (les cartonniers) écument les déchets de la capitale argentine à la recherche de cartons, papiers, bouteilles, journaux, ferraille ou toute autre matière recyclable et monnayable. De jour comme de nuit, ils poussent un lourd chariot ou transportent un sac de jute sur l’épaule dans les rues de Buenos Aires.

 
Elsa a 40 ans. Tous les soirs, elle quitte son bidonville de la banlieue avec ses deux filles et leurs chariots pour prendre le train spécial qui les transportera à la capitale. Dans les wagons du "train blanc", comme on l'appelle, ils sont chaque jour plus nombreux. Des enfants, des vieux, des familles entières, des bébés qui tètent. Ils font partie des 100 à 250 000 cartoneros qui chaque soir investissent les rues de la capitale argentine pour fouiller les poubelles des quartiers des classes moyennes. Elsa récolte le verre, le plastique, le papier et le carton: « C’est pas beaucoup d’argent, mais celui qui veut travailler se débrouille comme il peut. Le pire serait de sortir dans la rue faire des choses interdites. Ici comme ailleurs c’est la loi du plus fort ».
Plongée dans une profonde crise depuis la fin 2001, l’Argentine peine à relever la tête. À la suite de la dévaluation de sa monnaie et de l’écroulement du PIB, pauvreté, chômage et travail au noir atteignent des taux records. Malgré de nombreux signes de reprise encourageants, les travailleurs argentins semblent avoir encore quelques années sombres en perspective, le temps nécessaire pour eux de repenser le travail. Car aujourd’hui, on retrouve dans la rue la classe moyenne d’il y a peu. Ils étaient ouvriers de la construction, employés d'usine, cuisiniers, boulangers ou femmes de ménage, pour la plupart. C’est le cas de plusieurs cartoneros, souvent des Argentins qui ont perdu leur emploi à la suite de la crise économique. "Ce travail me permet de rester digne et de continuer à faire vivre ma famille" confie Oscar, affairé à trier papiers et cartons sur l'avenue du 9 Juillet, les Champs Elysées de Buenos Aires. Oscar avant la crise était peintre en bâtiment. Il a tout perdu: et son travail et le peu d'argent qu'il avait en banque. Au milieu des passants indifférents, hommes d'affaires costumés et cravatés, Oscar continue inlassablement son labeur.

 
Vers 3 h du matin, dès que se termine leur journée de travail, ils rentrent, fourbus, le regard vide, vers les banlieues pauvres de la ville. Au coeur de la nuit, chacun repart avec son chariot qui croule sous la surcharge. Sans banquettes, sans fenêtres, sans lumières, le train fantôme les ramènera chez eux. Le tout sera revendu ensuite à des grossistes pour être recyclé. L’air de rien, Buenos Aires s’est doté d’un système de recyclage plus performant que ceux des occidentaux. ...
 
 
Si ce métier a toujours existé, la situation actuelle a grandement contribué à son développement : le gouvernement estime le nombre des cartoneros dix fois plus élevé qu’avant la crise. À eux seuls, ils ramassent plus de 70 % des déchets de la capitale. Plusieurs associations proposent des cours de recyclage pour les nouveaux fouilleurs. Des coopératives se mettent en place pour plus de sécurité et d’efficacité ainsi que pour sortir les cartoneros des griffes de la mafia, qui tente de se tailler une part de ce juteux marché estimé à plusieurs millions de dollars. Pour éviter toute altercation, dans chaque quartier, chaque rue est assignée à un cartonero. Et la vie de ces travailleurs improvisés se banalise peu à peu