mardi 2 janvier 2007
lundi 1 janvier 2007
Cartoneros de Buenos Aires, octobre 2006
« CARTONEROS »
LES FANTÔMES DE BUENOS AIRES
LES FANTÔMES DE BUENOS AIRES
La nuit venue les rues de Buenos Aires s'animent de centaines de silhouettes furtives, attelées à des chariots surchargés, fantômes improbables d'une société qui peine à se relever de la crise économique de 2001.
Ceux que l’on nomme ici les cartoneros (les cartonniers) écument les déchets de la capitale argentine à la recherche de cartons, papiers, bouteilles, journaux, ferraille ou toute autre matière recyclable et monnayable. De jour comme de nuit, ils poussent un lourd chariot ou transportent un sac de jute sur l’épaule dans les rues de Buenos Aires.
Elsa a 40 ans. Tous les soirs, elle quitte son bidonville de la banlieue avec ses deux filles et leurs chariots pour prendre le train spécial qui les transportera à la capitale. Dans les wagons du "train blanc", comme on l'appelle, ils sont chaque jour plus nombreux. Des enfants, des vieux, des familles entières, des bébés qui tètent. Ils font partie des 100 à 250 000 cartoneros qui chaque soir investissent les rues de la capitale argentine pour fouiller les poubelles des quartiers des classes moyennes. Elsa récolte le verre, le plastique, le papier et le carton: « C’est pas beaucoup d’argent, mais celui qui veut travailler se débrouille comme il peut. Le pire serait de sortir dans la rue faire des choses interdites. Ici comme ailleurs c’est la loi du plus fort ».
Plongée dans une profonde crise depuis la fin 2001, l’Argentine peine à relever la tête. À la suite de la dévaluation de sa monnaie et de l’écroulement du PIB, pauvreté, chômage et travail au noir atteignent des taux records. Malgré de nombreux signes de reprise encourageants, les travailleurs argentins semblent avoir encore quelques années sombres en perspective, le temps nécessaire pour eux de repenser le travail. Car aujourd’hui, on retrouve dans la rue la classe moyenne d’il y a peu. Ils étaient ouvriers de la construction, employés d'usine, cuisiniers, boulangers ou femmes de ménage, pour la plupart. C’est le cas de plusieurs cartoneros, souvent des Argentins qui ont perdu leur emploi à la suite de la crise économique. "Ce travail me permet de rester digne et de continuer à faire vivre ma famille" confie Oscar, affairé à trier papiers et cartons sur l'avenue du 9 Juillet, les Champs Elysées de Buenos Aires. Oscar avant la crise était peintre en bâtiment. Il a tout perdu: et son travail et le peu d'argent qu'il avait en banque. Au milieu des passants indifférents, hommes d'affaires costumés et cravatés, Oscar continue inlassablement son labeur.
Vers 3 h du matin, dès que se termine leur journée de travail, ils rentrent, fourbus, le regard vide, vers les banlieues pauvres de la ville. Au coeur de la nuit, chacun repart avec son chariot qui croule sous la surcharge. Sans banquettes, sans fenêtres, sans lumières, le train fantôme les ramènera chez eux. Le tout sera revendu ensuite à des grossistes pour être recyclé. L’air de rien, Buenos Aires s’est doté d’un système de recyclage plus performant que ceux des occidentaux. ...
Si ce métier a toujours existé, la situation actuelle a grandement contribué à son développement : le gouvernement estime le nombre des cartoneros dix fois plus élevé qu’avant la crise. À eux seuls, ils ramassent plus de 70 % des déchets de la capitale. Plusieurs associations proposent des cours de recyclage pour les nouveaux fouilleurs. Des coopératives se mettent en place pour plus de sécurité et d’efficacité ainsi que pour sortir les cartoneros des griffes de la mafia, qui tente de se tailler une part de ce juteux marché estimé à plusieurs millions de dollars. Pour éviter toute altercation, dans chaque quartier, chaque rue est assignée à un cartonero. Et la vie de ces travailleurs improvisés se banalise peu à peu
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